Mathieu Boogaerts l’électron libre
Caractère discret mais bien trempé, cet artiste charismatique autant sur scène que dans ses disques, offre une vision éthique et généreuse à chaque album. La dernière fournée ne déroge pas à la règle.
Son dernier opus (dixième album depuis 1995), “Mathieu Boogaerts“, album éponyme, dévoile toute la sensualité et le côté un peu “ours” de cet artiste et compositeur atypique — et essentiel à la scène “Chanson française”.
A l’écoute de ses nouvelles compositions, de l’orchestre de sa bouche, le son de la plume qui gratte le papier du compositeur ne quitte pas la surface. L’intime pensée de l’auteur est à chaque coin de note. Le grain de ce disque est inimitable, minimaliste, mais laisse libre court à la force des mots.
Rarement placé sous les projecteurs de la “starification“, Mathieu Boogaerts est un peu comme un livre incontournable, qui explose aux yeux et à l’esprit le jour de sa lecture, en se demandant comment l’on a pu se passer de ne pas le découvrir plus tôt. Sans doute, pour apprécier Mathieu Boogaerts, il faut aimer les mots, avoir une certaine maturité, de la vie, de l’amitié, de l’amour – en tous cas ça aide.
La musique est une prière sans religion
Avec quelques touches (sans doute inconscientes) dans les sillons de certaines périodes ou textes de Serge Gainsbourg, Georges Brassens, Jean-Roger Caussimon, Plume Latraverse ou Boby Lapointe pour ne citer qu’eux, Mathieu Boogaerts sait matérialiser une écriture en gardant la sensualité et la force du geste, de l’intention, de son propos. Bien sûr, il fait la part belle aux mélodies soignées, articulées parfois comme des comptines, des ritournelles pimentées d’accents de reggae ou de petits groove pop-rock.
Carte postale sonore composée de 12 titres, les quelques 37 minutes de ce “Mathieu Boogaerts” passent (trop) rapidement et traitent avec tact des pérégrinations de la vie, de l’amour, de la perte de contrôle des sentiments, de l’abandon, des fantasmes, des rêves.
Pour cette nouvelle aventure, Mathieu Boogaerts (paroles, musiques, réalisation, arrangements, guitare, piano, piano électrique, kayambe) s’entourent d’amis et de quelques confères aux arrangements avec Fabrice Moreau (batterie) et Zaf Zapha (guitare basse). Il convie aussi pour certains titres : Anthony Caillet (euphonium, flugabone, bugle), Luce (chœurs) et Albin de la Simone (orgue, piano).
L’exercice autour du “style Boogaerts”, c’est un savant mélange – humble et abracadabrant – qui explore des procédés littéraires mais reflète une maîtrise parfaite de son propre style.
“Style” basé sur l’association verbale, parfois surréaliste ou fendard, la carence d’idées ne semble pas le toucher. Il sait que les mots et leurs sens possibles, peuvent dériver, se teinter, se préciser. Toujours associé à une recherche de sonorité, Mathieu Boogaerts titille la langue superbement, sans pensée unique, à cœur ouvert.
© Jimmy Braun – Octobre 2012
- Site officiel de l’artiste : http://www.mathieuboogaerts.com/
- Référence de l’album : “Mathieu Boogaerts“, Mathieu Boogaerts, (01/10) 2012. Tôt ou Tard/VF Musiques – Éditions Lili Louise Musique – Distribution Wagram Music, France.
- Pochette-illustrations : M/M (Paris) – Photos : Thibault Montamat (album/en-tête), Jimmy Braun (article).
Mathieu Boogaerts – Avant que je m’ennuie [Clip Officiel]
Disque disponible chez tous les bons disquaires et FNAC, Amazon, iTunes.