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Le passé est fait de mensonges, le futur n’a pas encore eu lieu. Vive le présent.

Japon. Il est des anniversaires parfois délicats et faits de douleurs. Plus qu’un anniversaire, un moment de recueillement pour les milliers de disparus. Il y a trois ans, le 11 Mars 2011 se déroulait l’une des catastrophes climatiques et nucléaires (depuis Tchernobyl) les plus dramatiques du XXIème siècle.

2 minutes sans interruption, magnitude 9, le Japon se déplace de 2 mètres.

Tremblement de terre, tsunami, et explosion de la centrale nucléaire de FukushimaDaiichi, le Japon vivait une nouvelle souffrance (souvenez-vous par exemple de Kobé, Nagasaki, Hiroshima), complexe et avec un impact mondial. Des villes martyrisées, des images choquantes tirées d’un film de science-fiction. Même si le tsunami est le principal acteur des destructions visibles, cinq heures après son ravage, un lieu emblématique joue le troisième acte. Le système de refroidissement de l’un des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima tombe en panne. Le Nord-Est du Japon vient de vivre un tremblement de terre, un tsunami, et l’alerte nucléaire sonne une effroyable et pessimiste nouvelle. Exceptionnellement, l’Empereur Akihito prendra d’ailleurs la parole dès le lendemain de la catastrophe.

"Fleur de cerisier au Japon" © Jimmy Braun

Parc de Yoyogi, Tokyo © Jimmy Braun

Jamais cette catastrophe n’avait été imaginé, et cet accident bouscule tout. Entre les disparitions, les familles détruites, les dégâts matériels, les conséquences politiques et économiques, les dépôts dans les sédiments marins, l’impact sur les plantes, l’eau, la terre et toute l’alimentation.

Selon les spécialistes, il faudrait au minimum 30 à 40 années uniquement pour démanteler les déchets de la centrale de Fukushima. Suite très difficile à contrôler, l’objectif actuel est de re-étanchéifier la centrale, mais cette étape semble périlleuse et semée d’embûches.

Le bilan humain n’est pas en reste, et les conséquences sur la santé physique et mentale sont d’une grande ampleur. D’ailleurs, selon une étude récente publiée dans la revue médicale Psychiatry and Clinical Neurosciences, la moitié des survivants d’une petite ville japonaise (Hirono) de ce méga tremblement de terre et tsunami montrent des symptômes de stress post-traumatique.

Site de cartographie dédié au tsunami

© http://www.miraikioku.com/streetview/en/

Les survivants luttent donc pour maintenir leur santé mentale, se re-construire et avancer avec des nouvelles contraintes pour les générations à venir.

Ce traumatisme n’est qu’une partie immergée de l’iceberg, car dans le monde entier, de nombreuses personnes “liées” au Japon subissent aussi les conséquences de cette catastrophe plurielle, et tentent de se relever et vivre le présent.

Depuis la France, il est difficile de tout mesurer et en attendant un aller, un retour, sur la terre du Pays du Soleil Levant, pour le re-découvrir, voici quelques sources d’ouvrages pour s’enrichir sur la culture, la tradition ou la nature du Japon.

Et pour accompagner la découverte de ces ouvrages, je vous propose de visionner la bande annonce du film “Fukushima mon amour” et d’écouter des sons traditionnels venus d’Okinawa (Archipel du Sud du Japon), par le grand maître Seijin Noborikawa (登川誠仁), qui nous a malheureusement quitté en Mars 2013. Musique sans artifice et profonde.




“Nippon 2011. 日本 2011”

(De Frédérick Carnet, Autoédition)

Nippon 2011. 日本 2011Pas besoin d’être passionné par le Japon pour aimer cet ouvrage. Véritable livre d’art, il montre le Japon au travers d’un voyage à vélo d’un photographe qui a une sensibilité profonde.

Le 9 octobre 2011, Frédérick Carnet atterrit à Osaka, son vélo en soute et son Mamiya RZ67 Pro II à l’épaule. Il se prépare à passer 3 mois au Japon afin d’y réaliser un travail photographique sur la place de la nature au Japon. Il veut montrer ce que la nature offre et ce qu’elle reprend quand elle se manifeste violemment. Il passe près d’un mois sur l’île d’Hokkaido avant de rejoindre Honshu et sa côte est lourdement touchée par le tsunami qui frappa le 11 mars 2011.

Nippon 2011. 日本 2011À Fukushima, il reste un peu plus d’une quinzaine de jours à arpenter les routes de campagne de Minamisoma, à la limite de la zone d’exclusion, Soma, Nihonmatsu puis de Fukushima City et ses alentours. Il finit son étude de la nature à Tokyo et Tottori. Au fil de son voyage, il réalise que la série qu’il construit prend sens. Il décide, alors qu’il est encore au Japon, de faire un livre de cette série. Après un long et chaotique processus de création, son livre intitulé NIPPON 2011 sort enfin au tout début du mois de septembre 2012.

Les textes de Jean-François Sabouret, Wataru Iwata et Ellen Dietrich accompagnent des images en noir & blanc réalisées en argentique qui démontrent par des cadrages tranchés que le Japon est un pays où la nature est omniprésente et fait corps avec les hommes.

Passant d’une nature vierge, façonnée ou prisonnière de l’urbain à une nature dévastée par une vague gigantesque ou contaminée par les radionucléides invisibles, Frédérick nous montre par ce travail que notre planète reste fragile à tous bouleversements.via frederickcarnet.com


“Japon, 365 us et coutumes”

(De David Michaud aux Éditions Chêne)

Japon, 365 us et coutumesCe petit livre est un moyen efficace de voyager et “comprendre” certaines coutumes japonaises, comme les règles de bienséance. Très utile pour préparer un voyage en terre nippone, ou juste par curiosité envers ce pays. L’auteur David Michaud n’est pas un premier venu en matière de livre sur le thème du Japon, plusieurs ouvrages font partie de sa bibliographie et sont célèbres auprès des “geek” et autres “otaku“du Japon.

Il est impoli, au Japon, de se moucher en public. Le bain chaud est une tradition, mais il est impératif de prendre une douche avant.

Pour conjurer le sort, on achète de petites pochettes contenant un papier béni. À une femme, on offrira plutôt un alcool de prune que du saké…

Au total, 365 traits de civilisation, particularités qu’il faut connaître, habitudes et coutumes à découvrir, subtilités qui ne sont connues que de celui qui a vécu dans le pays.

Sur chaque page : un point présenté en quelques phrases concises et des illustrations de motifs japonais traditionnels.via Amazon.


“Fûdo, le milieu humain”

(De Tetsurô Watsuji aux Éditions CNRS Éditions.)

Fûdo, le milieu humainWatsuji Tetsurô (1889-1960) est l’un des plus grands noms de la philosophie japonaise contemporaine. Fûdo, son oeuvre majeure, analyse la relation spécifique entre cultures et environnement. Le point de vue de Watsuji est radicalement neuf.

Écartant le déterminisme environnemental, qui considère de l’extérieur le rapport entre nature et culture, il se place au contraire d’un point de vue herméneutique : c’est de l’intérieur qu’il saisit la manière dont les hommes vivent leur environnement et comment leurs créations expriment cette relation. Watsuji fait là oeuvre de pionnier.

Outre sa construction théorique, que cristallise le concept révolutionnaire de fûdosei (médiance), le texte de Watsuji est une extraordinaire plongée intuitive dans le vécu des milieux humains, des fraîches matinées du printemps japonais aux mornes journées d’hiver de l’Europe occidentale, en passant par les plaines immenses de la Chine du Nord, la moiteur des nuits de Singapour, les montagnes décharnées du désert arabique, les eaux trop « arides » de la Méditerranée….via CNRS Éditions.


“Nippon no Haikyo”

(De Jordy Meow aux Éditions Issekinicho.)

Nippon no HaikyoPour celles et ceux qui s’intéressent au Japon ou à l’univers (photo)graphique d’artistes baroudeurs, le site Issekinicho (一石二鳥, « isseki nicho », proverbe japonais signifiant littéralement « deux oiseaux avec une pierre »), de Delfine aka Delphine Vaufrey et aAlex aka Alexandre Bonnefoy, ne passe pas inaperçu (ou ne le devrait pas).

Le blog Issekinicho, crée en 2010, correspond à la symbiose de deux artistes (et de leurs blogs respectifs encore accessibles ici et ici.).

Objectifs : partager leur passion et la volonté d’animer en mots et en images (illustrations et photographies) leurs pérégrinations au pays du Soleil Levant et leurs univers illustrés. Lumière sur leur nouveauté Automne 2013, avec la sortie du livreNippon no Haikyo””. via Vestiges d’un Japon oublié en 38 lieux.


“Tokyo Sanpo”

(De Florent Chavouet aux Editions Philippe Picquier.)

Tokyo SanpoFlorent Chavouet a un don. Ces travaux de carnets de voyage dessinés sur le Japon sont d’une grande qualité qui ne nécessitent pas d’être fan de BD ou de Manga. Des livres à découvrir et à offrir.

Il paraît que Tokyo est la plus belle des villes moches du monde.

Plus qu’un guide, voici un livre d’aventures au cœur des quartiers de Tokyo.

Pendant ces six mois passés à tenter de comprendre un peu ce qui m’entourait, je suis resté malgré tout un touriste.

Avec cette impression persistante d’essayer de rattraper tout ce que je ne sais pas et cette manie de coller des étiquettes de fruits partout, parce que je ne comprends pas ce qui est écrit dessus.

A mon retour en France, on m’a demandé si c’était bien, la Chine. Ce à quoi j’ai répondu que les Japonais, en tout cas, y étaient très accueillants.” via Amazon.


“Manabé Shima”

(De Florent Chavouet aux Editions Philippe Picquier.)

Manabé Shima

Le Japon est tellement une île qu’il est un archipel. Dans le catalogue japonais, on trouve des îles industrielles, des îles artificielles, des îles sacrées, des îles musées, des îles formol, des îles atoll, des îles balnéaires, des îles bleu-vert, des îles sauvages, des îles sans âge, des îles connues, Shikoku, et mêmes des îles où l’on pêche et l’on boit.

Parmi ces miettes de terre, il y a Manabeshima, une île dont on parle peu, mais où poussent très bien les poissons.

Un inventaire exhaustif et désopilant sur Manabeshima, l’île aux soixante crabes et à peine plus d’habitants, par l’auteur de Tokyo Sanpo.via Amazon.


“Les histoires d’amour au Japon : Des mythes fondateurs aux fables contemporaines”

(De Agnès Gérard aux Éditions Glénat.)

amour-japon-livreCe livre, complémentaire aux autres ouvrages de l’auteure Agnès Gérard, relate de la vision de l’Amour au Pays du Soleil Levant au travers d’un voyage onirique et amoureux. Richement documenté et illustré.

Il est dit au Japon qu’au Commencement était non pas un, mais deux dieux – Izanagi l’homme et Izanami la femme – car dans ce pays qui pose une histoire de cœur au départ de tout, la seule chose importante c’est d’aller à la rencontre de l’autre. Que l’autre soit mâle, femelle, végétal, animal, dieu, étoile ou fantôme, peu importe.

Aucun être ne peut s’accomplir sans avoir poursuivi, sur la trace des dieux, cette quête vers l’inconnu(e).

Dans la Genèse japonaise, donc, le monde est le résultat d’un acte d’amour entre deux êtres qui, préalablement, tournent autour d’un poteau pour mimer la première rencontre : « Oh quel beau jeune homme !», s’exclame Izanami en simulant la surprise. « Oh quelle belle jeune fille !», s’exclame Izanagi, qui lui renvoie l’image en miroir du coup de foudre… Après quoi, les amoureux mythiques procèdent aux multiples étreintes qui donnent naissance à ce qui existe, y compris les êtres humains, tous issus de ce désir qui a porté la première femme vers le premier homme.

Cet ouvrage recense les cent histoires d’amour les plus connues du Japon, décryptées et commentées par des artistes, des anthropologues ou des historiens. Entrez dans la danse de ces multiples désirs croisés qui reflètent, chacun, une parcelle du nihon no kokoro : “le cœur du Japon”.” via Amazon.


“Au Japon ceux qui s’aiment ne disent pas je t’aime”

(De Elena Janvier aux Éditions Arléa-Poche)

Au Japon ceux qui s'aiment ne disent pas je t'aimeCe livre petit format apporte le sourire et l’étonnement. Composé de citations, petits textes et notes, il permet pour un moindre coût et une lecture rapide de s’enrichir sur les différences qui peuvent exister entre notre culture et celle du Japon, autour de l’Amour et des relations amoureuses.

Elena Janvier est un heureux trio de trois jeunes Françaises ayant vécu au Japon.

Par vécu, il faut entendre ayant ri, aimé, voyagé, ayant rencontré mille personnes, s’étant étonnées de mille choses et de mille lieux, s’étant attristées parfois, mais avec légèreté, et une grâce semblable à celle des feuilles d’érables qui glissent sur la rivière.

Présenté sous forme de dictionnaire (la première entrée – qui s’en étonnera ?- est Amour), on y retrouve tout ce qui étonne, surprend, désarme ou force l’admiration d’une civilisation à l’autre.” via Amazon.


Magnitude 9″

(Collectif. Aux éditions CFSL Ink/1er)

Magnitude 9A l’origine du projet, un élan du coeur, assez spontané pour émerger simultanément dans l’esprit de plusieurs personnes : Jean-David Morvan, scénariste installé au Japon ; Sylvain Runberg également scénariste de BD qui se trouvait sur les lieux au moment du drame; la communauté Café Salé et ses fondateurs : Kness et Made, ont voulu rassembler cet élan de solidarité pour faire passer le message et mobiliser le plus grand nombre en passant par leur savoir-faire : le dessin et l’écriture.

Magnitudes

“Aider ceux qui en ont besoin, grâce à ce que l’on sait faire le mieux.”

Magnitude. La mesure de l’amplitude d’un séisme. Et celui survenu au Japon le 11 mars 2011 aura été d’une violence ravageuse. Tremblement de terre. Tsunami. Accident nucléaire. Des dizaines de milliers de victimes, des centaines de milliers de réfugiés, un pays confronté à un risque radioactif majeur, une menace dont l’issue, au moment où nous écrivons ces lignes, n’est pas encore certaine. Un événement tragique d’une portée universelle, qui aura été suivi dans le monde entier. Des images où le courage et le civisme du peuple Japonais, faisant face à l’une des plus graves crises de son Histoire, auront marqué tous les esprits.

Magnitude. C’est aussi la mesure de l’éclat d’un astre. Et c’est celui qui a donné naissance aux formes les plus populaires de la Pop Culture contemporaine, Manga, JapAnimation, Jeux Vidéo, J-Pop, Artoys, qui capte l’attention de dizaine de millions de personnes dans le monde depuis deux décennies. Le Japon.

Certains sont partis y vivre, d’autres s’y rendent régulièrement, et d’autres rêvent d’y aller et commencent même par en apprendre la langue. L’ampleur de la mobilisation qui a suivi la création du projet «Tsunami : des Images pour le Japon» reflète cet attrait si marqué pour celui-ci. Un élan de solidarité qui aura poussé plusieurs centaines d’artistes de par le monde à spontanément nous envoyer leurs travaux, qui auront été vus par des centaines de milliers de personnes grâce à Internet. Et ce livre est le témoignage de cet attachement à ce pays qui nous inspire et que nous aimons.

Un astre dont l’éclat, par delà ces épreuves, rayonnera encore et encore.

Ganbare Japon !via Amazon.


Sources et liens utiles